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    Jean-Marc COUFFIN - ARCHITECTURE . gravures . ETCHINGS -
    copyright (c) jmcouffin 2012


un papier de recheche que j'ai écrit pour le labo de l'UQAM
...
pour les courageux l'anthologie complète
ICI

CULTURE ET TERRITOIRE

«!La Construction d’une Culture!»
Comprendre la Culture et le Territoire au Québec, et les implications actuelles.
Texte de Jean-Marc Couffin

Archéologie d’un «!pays1!» en formation

Lorsque l’on parle de la façon d’aborder un champ aussi vaste que celui de la culture, et cela dans la perspective d’un territoire, on en vient très rapidement à parler de traces,!de sédimentation. On rend l’image plus vivante en parlant de géologie ou d’archéologie:
«!Cette profondeur n’est pas limitée à une seule couche temporelle. Elle est constituée de plusieurs couches superposées, qui donnent leurs richesses aux paysages actuels. D’épaisseurs variables, ces couches reposent sur une trame humaine elle-même très ancienne, en série de strates délimitées par des horizons de textures différentes qui portent encore la trace des remaniements du passé. Comme le sol, cette organisation a été élaborée au fil du temps. Elle montre tous les changements qu’a connu le territoire depuis ses origines. Et comme le profil de ces strates varie selon les endroits, elle laisse aussi le sentiment de durées et même de significations culturelles différentes. » (Courville, Serge dans Derouin 2001)
On en retiendra qu’il est assez difficile de comprendre le territoire et la culture sans en
étudier l’épaisseur à la fois géographique et historique. On parlera de science historiographique ou de géographie historique. L’épaisseur historique, culturelle et spatiale d’une communauté se saisit dans l’étude de la formation de son territoire et de sa culture. La culture est en quelque sorte une trace du monde physique!:
«![…] Érosion n’est pas ruine. Les villes s’établissent sur les ruines des villes plus
anciennes, mais le visage qu’on leur connaît n’est pas le résultat d’une action physique du temps sur elles. Il est le résultat des cultures superposées, juxtaposées, parfois figées, parfois, ruinées. Mais non érodées. Dans ‘érosion’, il y a déplacement d’énergie, construction de quelque chose d’autre. La nature s’érode, la culture fait ruine.!» (Clément, Gilles 1999)

Un peuple s’approprie un territoire au travers de traditions (Chaumont, Catherine, 2003)
et des façons originales qu’il a de l’aménager et le comprendre.
«!Je me suis mis à décrire pour moi seul, avec des mots, tout ce quartier d’Alexandrie, car je savais que bientôt, il serait oublié, et ne serait plus visité que par ceux dont les souvenirs auraient été modelés par la ville enfiévrée, s’accrochant à l’esprit des vieillards comme des traces de parfum sur une manche!: Alexandrie, capitale de la mémoire.!» ( Durrell, Lawrence cité par Montpetit, Raymond dans Derouin 2001)
La trace d’une culture se révèle dans sa territorialité. C’est en cela que la culture existe
dans le vocabulaire du géographe, dit Serge Courville. Décrire, se remémorer, et nommer, sont des actions indispensables au phénomène d’identification populaire (d’un peuple) à une époque, une culture, un territoire. Quelque chose que l’on ne nomme pas, dans un environnement, n’existe pas, et ne permet pas d’exister en tant qu’individu de ce milieu.

Sans chercher à paraphraser le titre de l’ouvrage dirigé par Gérard Bouchard, la Construction d’une culture, l’intitulé de ce texte permet de poser les jalons d’une réflexion sur les termes de Culture et de Territoire, d’une manière générale; mais aussi d’un point de

1 Nous conviendrons, dans ce texte, de la notion de « pays » : la somme de la culture et du territoire qui y sont associés.
vue particulier, à savoir, ici, le cas du Québec. Nous posons comme préalable la question sine qua non de l’identité. Dans un premier temps, les définitions des termes qui nous occupent, nous aideront à mettre en perspective les oppositions et la justification du rapport entre ces deux notions. Nous décrirons, en outre, en quoi la notion de dynamisme est importante pour notre appréhension et compréhension de la paire Culture/Territoire. Ensuite, nous parlerons du Québec d’un point de vue territorial et culturel pour en montrer les modérateurs. Enfin, nous verrons en quoi les communautés sont les éléments premiers de la caractérisation de ce territoire, pour ensuite mieux comprendre le phénomène de mythification au Québec.

Définition de Territoire
Premier préalable à la compréhension de la question au Québec

L'étude systématique du terme de territoire révèle que celui-ci se comprend selon plusieurs acceptions et orientations!:
. Espace délimité, où vit une communauté humaine (droit).
. Élément constitutif d’un État qui en constitue l’assise géographique. (Définitions du grand dictionnaire terminologique Office de la Langue Française du Québec)
. Espace limité, composé de réseaux et intelligible comme un tout, et cela du point de vue de l’architecte.

On s’accordera sur la définition plus générale selon laquelle le territoire est, d’une part, constitué par des réseaux délimités dans un espace donné; d’autre part, par l’interaction de ces réseaux entre eux, et par le dynamisme de ses frontières.

Définition de Culture
Second préalable à la compréhension de la question au Québec

La difficulté de définir ce terme se pose comme condition première. En effet, il existe plus de 100 définitions du mot Culture, variant d’un domaine d’étude à l’autre. Nous essaierons de comprendre la notion dans le référent québécois.
Parmi les acceptions habituelles de Culture, on trouve!:
. «!La culture considérée de la sorte [racine de ‘culte’] est le ‘soin que les hommes portent
à ce qui leur appartient en propre’, comme le rappelle Hannah Arendt, et est ‘un mode de relation avec les choses du monde’, [en quelque sorte la manière dont les hommes sacralisent leur rapport aux éléments du monde]!; l’on peut ajouter, si l’on pense à la culture anima et la culture dei, avec les moins utiles des choses.!» (Charrin, Anne-Victoire
1995!:22)
. Matériel social, normatif et symbolique, la Culture est en Philosophie, selon Chombart de Lauwe!: « les manières de penser, sentir et d’agir, et les croyances qui, liées aux transformations techniques et économiques, ont une action en retour sur elles.!»
. Dans le domaine de l’Anthropologie culturelle, «!La culture est de tout complexe qui inclut la connaissance, la croyance, l’art, le droit, la morale, la coutume et toutes les habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société!» (Tylor, Primitive culture, 1871). Cette définition est proche du sens donné au terme allemand ‘KULTUR’
. En architecture, la culture est représentée comme les traits d’une communauté qui se
traduisent dans son identité.

Ces définitions «!génériques!» nous permettent de noter l’importance de la compréhension de la culture : «!Méconnaître la culture, comme la sacraliser, empêchent d’en profiter au
maximum, de la développer comme d’en corriger les déformations et les limites. » (Doutreloux, Albert dans Charrin 1995!:283). C’est en cela que les propos de Fernand Dumont, prenant la culture comme un préalable, se comprennent plus largement dans la visée identitaire d’un peuple. La culture est un «!préalable!», une éducation!:un langage symbolique, outre les traditions, appropriations, évolutions particulières (Dumont, Fernand
1993). Toutefois, les «!préalables!», traits particuliers de la communauté n’appartiennent pas
aux québécois, d'où la nécessité de retracer et de redéfinir les dits préalables, pour les inculquer (et éduquer).

Par conséquent, la culture au Québec s’appréhende comme un apprentissage conséquent d’une nécessité d’adaptation aux conditions de vie, à un nouveau continent, à un nouveau terrain où s’établir!:
«!Pour restituer les expériences qui ont conduit au Québec actuel, il faudrait pouvoir
retracer les cohérences qui ont marqué chacun des grands contextes de civilisation, au
Québec et les changements qu’ont entraîné les périodes de transition pour en savoir le sens et la portée dans la vie politique, économique et sociale. Alors seulement serait-il possible de saisir la culture non comme un phénomène uniforme, mais comme un phénomène aux multiples expressions, fait d’adéquations et d’inadéquations par rapport aux conditions de vie introduites par chacun des contextes d’interactions constantes entre les différents univers culturels.!» (Courville, Serge dans Bouchard 1993!:91)

Justification Culture/Territoire
Adéquation et relation de l’un à l’autre, de la culture et de la géographie

Le constat selon lequel Culture et Territoire semblent être à la fois des ensembles distincts et inter-dépendants, permet de concentrer l’approche du problème de manière à la fois globale et dynamique. La culture est un ensemble et comme tous les ensembles, il est déterminé par les éléments qui le composent. Le territoire, élément complexe, infini, composé lui aussi par d’autres éléments!: routes, réseaux, reliefs, frontières, …, et culture. On pourrait se mordre la queue dans le raisonnement qui prendrait l’un comme un élément de l’autre, et vice et versa. Territoire et Culture doivent être appréhendés globalement. La culture existe dans un espace donné (pour ne pas utiliser de néologisme «!français!» tel!:
«!spatialement!»), elle est définie dans l’espace de manière dynamique.
On perçoit la spatialité de la culture dans la répartition des savoirs et artefacts qui la composent!:
«!La culture est un objet géographique du fait de la répartition des savoirs , et artefacts,
…!» (Courville, Serge 1995!:34)
Lorsque l’on parle du territoire québécois, on peut considérer cet ensemble comme une
construction culturelle!:
«!Car plus qu’un espace juridique délimité par des frontières, le territoire québécois est avant tout, une construction culturelle.!» (Courville, Serge 2000!:1)

…/…

Opposition Culture/Territoire
Territoire mental, espace physique

La culture s’exprime aux travers d’un ensemble d’éléments à la fois physiques, et
«!mentaux!», voire oraux. Le territoire est un espace physique fait de matière, c’est en cela
que l’on peut l’opposer à la culture qui est de l’ordre de la conception mentale; la nature comme un territoire ayant une assise physique, et la culture comme celui d’un territoire conçu mentalement!: le milieu de la culture est celui d’un territoire imaginé.

Dynamique
Histoire, formation, et évolution

La courte histoire du Québec _quatre siècles_ maintient la question de la formation du territoire d’actualité. Le territoire est caractérisé par l’interaction de ses réseaux et par le dynamisme de ses frontières. Les études historiques et géographiques des caractéristiques territoriales et culturelles d’un peuple permettent de comprendre de manière dynamique (opposé à statique) la question de leur formation (Courville, Serge dans Derouin 2001).
On peut comprendre la culture comme un phénomène évolutif!: «![…] Dans son aspect
dynamique, la culture se présente comme résultante d’actions et de forces diverses et comme effort de cohérence sans cesse renouvelé de la part des acteurs sociaux.!» (Séguin, Normand dans Bouchard 1993!:214)
De même, la territorialité n’est pas un état mais un processus!: «!Aborder le territoire
comme le produit des cultures qui agissent sur l’espace et les éléments physiques qu’il contient.!» […] «!La territorialité n’est pas un état [statique], mais un processus par lequel société et terrain interagissent pour produire le territoire (Bélanger 1993!:179).!» (Martin, Jean dans Bouchard 1993!:419)
L’approche historiographique semble ainsi être la plus plausible quant à la compréhension
de la culture et du territoire québécois.

Description
Représentation du Québec par les mots des géographes et d’un poète

Le Québec c’est l’éloignement, le froid, la simplicité. Ce genre de description en quelques mots du territoire québécois se retrouve couramment dans le courant d’idée de la géographie historique!:
L’isolement et la protection sont des rapports qui donnent un sens et une profondeur à l’histoire collective. Immensité, froidure et simplicité sont trois termes permettant de décrire au mieux le territoire québécois (Courville, Serge dans Derouin 2001). Cette même description est reprise plus en détails!: (Courville, Serge 2000) où la simplicité est explicitée par les trois ensembles physiographiques du Québec!: le bouclier canadien, le golf du Saint Laurent, les Appalaches.
Dans le domaine de la poésie, on retrouve des descriptions qui font part des caractères énoncés plus haut, soit immensité, simplicité et froidure :
«!Espace de gloire, et de gélivures, de fracture glacielle, et de torrents imbaignables qu’il faut simplement admirer, et dans lesquels on peut encore pêcher des monstres de plusieurs kilos. Espace de pistes pour loups libres et intelligents. Espace d’arbres tondus défiant le blizzard. Espace de rudesse et de violence attaché à l’infinie liberté.!» (Désy, Jean dans Derouin 2001!:185)
_ Certes, la population du Québec établie dans et autour des villes de Montréal et de
Québec est pour ainsi dire exclue de ces descriptions du fait de l’urbanisation actuelle. Cependant la majorité du territoire québécois est décomposable selon ces trois grands
‘bases’. _

Particularismes du paradigme québécois
Éléments originaux de l’établissement au Québec

Un premier exemple, celui des censives (manière particulière d’aménager un terrain le long du fleuve, de façon perpendiculaire de sorte que le fond de la parcelle est en progression constante), et le déroulement parcellaire qui s’en suit sont des formes propres au bassin du Saint Laurent, du XVIIIe siècle, soit un des premiers caractères de la nouvelle colonie. Une manière particulière de s’approprier le sol qui participe d’une identité culturelle propre.

Le froid est un élément important au Québec, on a commencé à l’apprivoiser depuis Jacques Cartier, et à le comprendre (cela malgré la différence thermique entre les deux continents à latitude égale), ce qui a engendré des modes de vie différents.

Les débuts de la construction de la société québécoise se sont voulus en parfaite filiation par rapport à la France. Les élites se croient alors garantes d’une Nation (Bouchard, Gérard
1993!:VIII et 5). Maintenant, on conçoit que la naissance d’une nation passe par «!l’émergence des traits ou des formes collectives originales!» (Bouchard, Gérard 1993), [sous-entendu, sans filiation avec la France]. On voit le Québec moderne du XXe siècle comme riche d’un héritage français, ayant pour motivation principale, la défense de la langue française, et comme incarnation de la nation, la paysannerie (Toutefois, la fin du XXe siècle a vu cette idée s’effacer un peu). […] «!Une idéalisation du passé français et de l’agriculture, deux thèmes
qui viendront définir l’identité québécoise.!» (Courville, Serge 2000!:237)
La langue, la religion et l’agriculture ont-elles servi à se prémunir de l’influence anglaise? La colonisation anglo-saxonne du XVIIIe siècle est devenue signifiante et dominatrice des formes d’expression «!québécoise!».
«!Le domaine de la culture serait le seul espace où le Canadien français aurait la
possibilité de l’affirmation nationale.!» (Martin, Jean dans Bouchard 1993!:424). On peut citer certains des outils du processus de création de la société québécoise!: Monographies (Sénécal, G.), Livres d’histoire, Annales (Garneau), le roman paysan, la peinture, le conte, charte de la langue française, poésie québécoise du XXe siècle, …

La rencontre avec le peuple autochtone, au temps de Jacques Cartier, est loin d’être un facteur limitant à l’établissement des premiers colons. Au contraire, elle s’est avérée une des conditions du possible établissement européen. Confrontés à de nouveaux paradigmes!: climatique, géographique et culturel. L’échange avec les communautés déjà présentes a permis de résoudre la majorité des problèmes auxquels les colons ont eu à faire face.
_Le territoire autochtone était dépendant des déplacements et de la densité du gibier, des
saisons, et des eaux._
La différence s’établit comme valeur nationale, elle renforce l’identité du peuple québécois.

‘Colonisation’
S’approprier l’immensité, et la froidure

Précédemment, nous avons pu définir le Québec de manière très simple, et allons préciser les étapes de la colonisation du «!pays!»!: expéditions, missions, fourrures, soit espace, religion et commerce ont été les trois grands axes de l’établissement européen au Canada.
Outre ces trois éléments délimités dans le temps, le double mouvement de colonisation!:
un premier, post-découvrance, l’établissement sur les rives du Saint Laurent, et un second
conquérant des territoires ‘intérieurs’, est tout à fait caractéristique du processus québécois d’appropriation des terres.

Le territoire agit comme un agent de cohésion culturelle et identitaire, et utile à la construction d’une culture originale (Courville, Serge 2000!:266), on peut définir quatre étapes :
1.Limiter et Nommer, le processus de toponymie (Jacques Cartier),
2.Développer une conscience régionale, les Annales et monographies régionales y ont participé,
3.Consolidation, passant par exemple par celle de la langue avec la charte de la langue française et la création de l’Office de la Langue Française par le gouvernement du Québec.
4.Reproduction, élargissement et transmission des éléments de la culture québécoise.
Une version plus contemporaine de par son étendue historique donne trois éléments de la formation du Québec!: édifier l’État, maîtriser l’économie, et construire une identité nationale. (Bouchard, Gérard 1993)

L’établissement territorial et culturel
Les facteurs modérateurs à la formation de l’identité québécoise

Facteurs culturels
«!La permanence de la comparaison avec le vieux continent dans la résolution des problèmes québécois a mis en évidence la non-adaptation de celles-ci [caractéristiques du vieux continent] au paradigme québécois.!» (Bouchard, Gérard 1993!:35)
Ces éléments de la culture québécoise constituent un des principaux facteurs limites au développement de la culture québécoise comme une culture originale. (Bouchard, Gérard
1993!:5)

Le territoire québécois, près de 400 ans d’histoire, n’a pas encore été exploré plus oultre, on trouve encore des lieux non-définis, des lieux naturels [ce qui est fort heureux]. L’axe du Saint Laurent est resté le modérateur principal de la répartition névralgique des centres politiques, administratifs, économiques, et décisionnels du Québec. (Bouchard, Gérard
1993!:84). Aujourd’hui, on considère la métropole de Montréal et la ville de Québec comme nouvelles modératrices, et responsables de la concentration de la population et de la centralisation des administrations.

La toponymie joue un rôle prépondérant!: Cartier, découvreur du Canada, car premier à nommer les côtes du Kébec (même si on sait que les noms qu’ils donnent préexistent, grâce aux voyages précédents de sa part, et de la part des terre-neuvas)
L’expo 67, à titre d’exemple, a permis au Québec d’exister sur les cartes mentales du
monde comme une ville d’Amérique du Nord, et du Québec. L’exposition universelle 1967 est devenue le symbole même d’un projet événementiel à portée à la fois culturelle et territoriale, ayant pour centre Montréal. Non seulement, ce projet a permis à la ville de se redonner une jeunesse!; mais, cela a aussi permis de faire exister l’identité québécoise sur la mappemonde. Si, avant 1967, on avait posé la question!: «!où se trouve le Québec et Montréal?!», on se serait rendu compte de l’absence du Québec. À la suite de l’exposition, le Québec est apparu sur les cartes mentales étrangères.
Jusqu’ici, le Québec n’a jamais été qu’un terrain/territoire mental délimité!: par un océan, le Labrador, des lacs, un continent, … Personne n’a été capable de catalyser le
phénomène d’appropriation du territoire de manière suffisamment significative pour faire de ce mythe de la culture québécoise une réalité. Pourtant, au cours de l’histoire récente du Canada français, on a pu sentir les soubresauts d’une volonté de cultiver un particularisme nord américain, la francophonie.

Facteurs physiques (territoriaux)
Le contact avec les cultures autochtones comme moyen de résolution des contraintes physiques!:
« Cette Nouvelle-France est implantée en terre d’Amérique et subira la marque profonde et obligatoire du nouveau territoire!: le climat, le sol, l’hydrographie, mais aussi le contact avec les cultures déjà présentes, celles des amérindiens, vont conférer son originalité à la société qui est en train de se former.!»
«!Il n’est pas possible de recopier le vieux monde à l’identique!: comme le dit justement
Cole Harris, l’Europe est mise à plat dès qu’elle s’installe aux rives de l’Amérique.!» (Claval,
1989!:67)

Le passage (la question du,)
Comprendre l’héritage de la découvrance

Le «!nordiste!» est nomade par essence.
Si on comprend le fait qu’au moment de la découvrance, la terre trouvée ne devait être que le lieu d’un passage incertain vers les Indes occidentales (Morissonneau, dans Derouin
2001!:83), on explique facilement l’établissement «!nomade!» au Québec. c’est dans la perspective de passage que les premiers colons se sont installés, établissant des comptoirs le long du fleuve Hochelaga (Saint Laurent).

Peuple (et culture) comme caractéristique première d’un territoire
La culture est toujours associée à un peuple

«!Si ceux-là sont chez eux dans le Cap [Saint Jean Cap Ferrat], ce n’est pas tant parce que le Cap leur appartient que parce qu’eux lui appartiennent. Dans l’échange qui s’aménage entre eux et lui, c’est lui qui a l’initiative!» (Dufresne, Michel cité par Montpetit, Raymond dans Derouin 2001!:13). «!Encore plus que les caractéristiques du milieu naturel, ce sont les gens qui donnent son identité propre à une région, et qui la parent de ses couleurs et de ses traits distinctifs.!» (Contrastes, L’Abitibi-Témiscamingue!:71)
La véritable originalité du Québec se traduit dans le peuple qui l’habite. On pourrait reprendre la description de Jean Désy.

«!À chaque représentation du corps de la personne correspond une vision du monde qui conditionne les rapports et les relations à la personne elle-même, entre les personnes, à l’environnement, au monde, et à l’univers.!» (Doutreloux, Albert dans Charrin 1995!:283)
L’identité et le sentiment d’appartenance s'expliquent par les Lieux, ou territoires!: celui
des origines, celui de la naissance, et enfin celui de vie(Leblanc, Pierre dans Derouin 2001). Un individu voit son identité selon trois composantes qui lui sont propres:
. Son origine, à la fois ethnique, religieuse, ou plus généralement communautaire, origine socioculturelle!;
. Son lieu de naissance, racine de son identité ancrée dans le territoire dans lequel il a vu le
jour!;
. Et enfin, son lieu de vie, racine dynamique, c’est ce morceau de territoire qui va interagir avec l’individu et redéfinir ainsi son identité!: on peut mathématiser la chose en considérant l’équation de l’identité d’un individu comme la somme de son origine socioculturelle et de son lieu de naissance, multipliée par le facteur présent de son lieu de vie.

Id.=[(orig.+naiss.)^lieu_de_vie] Id.(n)=[(orig.+naiss.)^lieu_de_vie(n)] Id.(n+1)=[(orig.+lieu_de_vie(n)) ^lieu_de_vie(n+1)]

On peut préjuger à une généralisation de ces mathèmes pour étudier la généalogie d’une famille ou d’un peuple et comprendre les différentes influences que les différents territoires peuvent avoir sur chaque individu; et cela, tant au niveau identitaire que culturel. Comment certains de ces éléments sont variables et d’autres invariants de l’équation.
Pour mieux saisir le raisonnement précédent, on pourra prendre le cas d’un québécois (d’origine européenne)!: ses origines sont le plus souvent catholique et paysanne ou bourgeoise, son lieu de naissance étant le Grand Ouest de la France, puis le bassin du Saint- Laurent, pour ce qui est de ses enfants et petits enfants, son lieu de vie est maintenant le Québec.
_saut temporel_ allègement de la démonstration_
La question de ses origines et de celles de ses enfants s’est longtemps posée comme limite à l’établissement sur le nouveau continent. Limite qui s’est traduite par un mouvement d’explorations et d’expéditions assez tardif peut-être. Plus tard, c’est la limite de la langue originelle qui est devenue ‘facteur limitant’ ou au contraire comme facteur ‘favorable’ à l’identification du particularisme de ses origines (Canadien Français).

Parlant du «!peuple québécois!», on se méprend partiellement dans la mesure où le
Québec est province d’un plus grand pays!: le Canada. On préfèrera le terme
«!communauté!»!: Groupe de personnes partageant les mêmes préoccupations.
«!Je suis du Québec.!» (Derouin, René 2001!:49), c’est en s’éloignant de sa terre natale que l’on est plus à même de s’en rapprocher d’un point de vue identitaire, et de découvrir les préoccupations partagées avec ses co-habitants.

Le mythe (du Nord) québécois
Le processus de mythification et le rapport à l’identification de l’individu

Là où le peuple n’est pas règne le mythe. «!C’est une part du peuplement qui fait exister le territoire. Là où le peuple n’est pas, règne le mythe [du Nord] et l’incertitude.!» (Derouin, René 2001!:14)
«!Au Québec, notre Ouest, c’est le Nord. » (Morissonneau 1978!:106), et le paralèlle avec la ruée vers l’ouest américaine se justifie dans la mesure où l’ouest américain a été lui aussi mythifié comme un «!El Dorado!».

Personne n’habite au Nord, ce sont des pays utopiques, imaginés, idéalisés, mais non expérimentés. Il est intéressant de noter qu’avant même la découverte de la Nouvelle-France, le territoire était imaginé. Du fait de la découvrance, il est devenu un endroit vécu, et c’est
le Nord qui a pris le relais de l’imaginaire. Comme si le territoire devait être mythifié pour
exister dans la culture d’un peuple.

Le symbole, qu’il soit signifiant, porteur de sens, passe par la représentation de l’imaginaire dans l’inconscient collectif. C’est par la perception imaginée d’un territoire, et de la culture qui y est associée, que cristallisent un territoire, et une nation. L’imaginaire permet de forger une identité!: créer une culture, conquérir une langue, un ‘pays’, un mythe.

«!Aucun peuple n’existe sinon dans ses rêves!!!» (Morisset, Jean dans Derouin 2001!:177)

Territoire, Culture, Événement
Préoccupations contemporaines et réponses événementielles

«!L’histoire de l’histoire montre, en somme, comment le passé s’offre et se pose en médiateur du présent, en révélateur des aspirations identitaires!» (Bouchard, Gérard 1993)

«!les archives nationales du Québec qui se sont définies et ont orienté successivement leur image, leurs objectifs et leurs interventions selon la mémoire de la nation, celle de l’État, celles des régions puis celles des Québécois.!» (Bouchard, Gérard 1993!:195) Ce genre de positionnement politique rend compte de l’évolution de l’identité québécoise, car les documents archivés de la culture québécoise sont justement devenus suffisamment nombreux et de qualité pour être signifiants.

La culture prend forme physique dans les différentes manifestations événementielles.

Au cours du siècle dernier, on a vu apparaître de nombreux projets à caractère identitaire de type!: écomusée, projet d’histoire locale, …Ces projets sont issus d’une volonté, souvent locale, de retrouver les racines du pays «!à l’entour!», trouvent résonance dans le gouvernement provincial et se voient octroyer les fonds nécessaires à leur élaboration. Ces
«!mémoires!» locales cristallisent le vouloir d’une société en quête d’une identité originale. La retranscription du paysage de la campagne d’antan, les us politiques et seigneuriaux, l’appropriation des sols, les phases de colonisation, ou de gens signifiants comme partie de l’identité locale, sont autant de points mis en évidence dans les expositions proposées.

On retrouve dernièrement des projets d’histoire locale tels des expositions du Musée Pointe-à-Callière (qui est d’ailleurs une illustration des musées et écomusées en «!vogue!»)!: exposition sur la «!Main!» de Montréal, resituant historiquement et géographiquement l’ensemble des événements qui ont mené à l’actuelle boulevard Saint-Laurent de Montréal, comme caractéristique dans le paysage de la ville.

«![…] C’est par l’intermédiaire de sa langue maternelle que tout être humain apprend initialement à exprimer ses idées à l’égard de lui-même et du monde où il vit. […] Encore une fois ‘langue-oralité’ et ‘sol’ sont indissociables […].!» (Charrin, Anne-Victoire!1995:30). Parallèle avec le peuple koriaque, peuple du Nord de la Sibérie, leurs premières revendications après la Perestroïka furent la langue, la religion, et le sol.

UQÀM Production culturelle dans un contexte international Jean-Marc Couffin
Février 200

Bibliographies
Bibliographie générale/General bibliography

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Textes divers (essais, articles journalistiques, littérature)/Texts (essays, articles, literature)
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, L’Homme rapaillé.

NOËL, Francine, Maryse, Montréal, Bibliothèque québécoise, 1994.

OUELLETTE, Fernand, «!Terrasse Vinet!», Liberté, numéro spécial sur Montréal, vol. V, no 4, 1963.

RICHLER, Mordecai, «!Il était une fois la Main, rude pays des merveilles/The Harsh
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TREMBLAY, Michel, C’t’à ton tour Laura Cadieux, Montréal, Stanké, coll. «!10/10!»,
1985.
Travail de recherche dans le cadre de la mise en place du module d’enseignement!:
Production culturelle dans un
contexte international.

Catherine Chaumont, Jean-Marc
Couffin
Université du Québec!À Montréal
Montréal, le 3 février 2003

Bibliographie annotée

ARCAND, Bernard (1999), Abolissons l’hiver, Montréal, Boréal. ARENDT, Hannah (1991), La crise de la culture, Paris, Gallimard.
Atlas Historique du Canada (1993), Montréal, les Presses d’Université de Montréal.
Série de quatre volumes traitant de la question canadienne, de la formation du pays jusqu’à nos jours, et cela d’un point de vue géographique et historique.

BARBEAU, Marius ( 1935), Chansons populaires du Vieux Québec, Ottawa, Musée National du
Canada, Bulletin.
Dans cet ouvrage, illustré par Arthur Lismer, Marius Barbeau traite de l’origine et de la variété des chansons populaires du Canada, en s’interrogeant à la fois sur le folklore et les traditions orales en général.

BARRETTE, Roger (1975), «!Le plan Vautrin et l’Abitibi-Témiscamingue, 1934-1936!», dans Maurice ASSELIN et Benoît BEAUDRY GOURD, L’Abitibi-Témiscamingue, hier et aujourd’hui, Rouyn, Collège du Nord-Ouest.
Description et étude critique du Plan Vautrin de colonisation de l’Abitibi-Témiscamingue

BEAUDRY GOURD, Benoît (sous la direction de) (1994), Contrastes, L’Abitibi-Témiscamingue, Rouyn Noranda, 1994.

BEAUREGARD, Yves (sous la direction de) (1997), Le Québec se souvient-il? Conserver la mémoire, la tradition, le geste, CAP-AUX-DIAMANTS, Revue d’histoire du Québec, No 50, p.40.

BÉDARD, Hélène (1987), «!la colonisation dirigée!», dans Claude DUBÉ, La maison de colonisation!: éléments d’architecture populaire québécoise, Québec, Université de Laval, CRAD.

BERNARD, Antoine (1926), «!l’histoire régionale!», Semaine d’histoire du Canada, Montréal, Société historique de Montréal.
Étude sur la notion d’histoire régionale, se basant sur le mouvement des Annales et des
Monographies régionales.

BÉRUBÉ, Pierre (1993), L’organisation territoriale du Québec, Québec, les Publications du
Québec.

BLANCHARD, Raoul (1960), Le Canada français. Province de Québec, Montréal, Librairie
Arthème Fayard (Canada).

BLANCHARD, Raoul (1949), Le Québec par l’image, Montréal, Beauchemin.

BOUCHARD, Gérard ( sous la direction de), COURVILLE, Serge (1993), La construction d’une culture, Le Québec et l’Amérique française, Sainte-Foy, Les presses de l’Université Laval. Ouvrage regroupant une série de textes recueillis à la suite d’un colloque du CEFAN (Culture d’Expression Française en Amérique du Nord). La majorité de ces textes posent la question de l’identité québécoise!tantôt sous l’angle du mythe et de la transmission des savoirs, tantôt sous l’angle des différentes phases de l’appropriation du territoire québécois.

BOUCHARD, Gérard , «!Une nation, deux cultures. Continuités et ruptures dans la pensée québécoise traditionnelle (1840-1960)!», p.3-47 et «! Construction de la culture nationale!», p.25.
Article démontrant le clivage existant au sein de la nation québécoise; d’une part, la culture populaire, d’autre part, la culture savante. Bouchard fait l’examen de leurs formations respectives et interactives malgré tout, en faisant notamment état du rôle déterminant joué par la littérature nationaliste depuis le milieu du 19e siècle pour ces
deux pôles sociétaux.
BOUCHARD, Gérard (1993), «! Culture instituante, culture instituée!: un repère pour l’étude du changement culturel!», p.251-258, tableau p.257, «!Éléments de la culture!». DU BERGER Jean, dans Bouchard Gérard (1993), «!Imaginaire traditionnel, imaginaire institutionnel!», p.95-117.
GUILBERT, Lucille dans Bouchard, Gérard (1993), «!La tradition des contes et la culture québécoise, p.145-159.»
Suite à une expérience de terrain auprès de Vietnamiens et de Laotiens à qui elle apprenait la langue française, l’historienne Lucille Guilbert questionne la fonction du conte dans la construction d’une culture ethnique. Tout en étudiant l’internationalité du conte, elle jette un coup d’œil sur l’évolution de la culture québécoise par l’intermédiaire des études et recherches faites sur le sujet.
HARDY, René dans Bouchard, Gérard (1993), «! Notes sur le concept de culture
populaire!», p.161-174.
Élaboration du concept de culture au Québec, en proposant une réflexion sur les valeurs et les mythologies associées à l’identité québécoise.
HARVEY, Fernand dans Bouchard, Gérard (1993), «! Les dynamismes culturels régionaux!», p.394-403.
Grâce à un bref survol, Fernand Harvey résume les problématiques rencontrées par les auteurs de l’ouvrage Mélanges en l’honneur de Luc Lacourcière à l’égard de l’existence de cultures régionales particulières au Québec et au Canada français.
MARTIN, Jean dans Bouchard, Gérard (1993), «!Les aspects territoriaux de l’évolution culturelle du Québec!».
Synthèse éclairée de la question culture-territoire au Québec, traitant à la fois de la dichotomie culture savante/culture populaire, des contraintes et facteurs favorables à l’établissement au Québec des différents mouvements colonisateurs, et, enfin, des mythes associés à l’imaginaire de la culture québécoise.
ROBERT, Jean-Claude dans Bouchard Gérard (1993), «! À la recherche d’une culture urbaine québécoise!».
SEGALEN, Martine dans Bouchard (1993), «!Cultures populaires en Canada!: dynamiques
et appropriations!», p.51-73.
L’auteure brosse un portrait global des différentes manifestations du régionalisme en Canada, ainsi que l’influence exercée par ces derniers sur l’identité nationale. De plus, elle décrit les diverses approches folkloristes européennes en relation avec le développement des cultures populaires locales et régionales.
SÉGUIN, Normand dans Bouchard, Gérard (1993), «! Quelques considérations pour l’étude
du changement culturel dans la société québécoise!», p.213-218.
BOUCHARD, Gérard (1999), La nation québécoise au futur et au passé, Montréal, VLB éditeur. BOUDREAU, Claude (1994), La cartographie au Québec, 1760-1840, Québec, Les Presses de
l’Université de Laval, «!géographie historique!».

BROSSARD, Jacques, et al. (1970), Le territoire québécois, Montréal, Les Presses de l’Université de Laval.

Canada (1969), Rapport de la commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (rapport Landreau-Dunton), Ottawa, imprimerie de la Reine.

CHARRIN, Anne-Victoire, Jean-Michel LACROIX, Michel THERRIEN (textes recueillis par) (1995), Peuples des Grands Nords, Traditions et Transitions, Presses de la Sorbonne Nouvelle, Institut National des Langues et Civilisations Orientales.
Groupement de textes traitant des cultures nordiques et autochtones, abordant selon des
angles différents la définition de culture et la transmission des savoirs traditionnels.

CLÉMENT, Gilles (1999), Thomas et le voyageur, Paris, Albin Michel.
Professeur, jardinier, et paysagiste, Gilles Clément consacre cet ouvrage, roman épistolaire, à l’appréhension de l’environnement par l’homme, donnant des visions poétiques et clairvoyantes de ce que sont nature, ville, jardin, et culture.

CÔTÉ, Marc (1995), «!Une présence plus que millénaire!», dans Odette Vincent (dir.), Histoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture.

COURVILLE, Serge, et Normand SÉGUIN (sous la direction de) (1995), Espace et Culture, Sainte-Foy, Les Presses de L’Université de Laval.
Textes traitant de la perception de la géographie culturelle et de l’historiographie dans le cas
des peuples francophones d’Amérique du Nord, et des moyens par lesquels ces derniers ont pu construire un espace et une culture qui leur sont propres.

CLAVAL, Paul, «!Réflexions sur la portée de la géographie culturelle!». OSBORNE S., Brian, «!Grounding National Mythologies!: The case of Canada!».

COURVILLE, Serge (2000), Le Québec!: genèses et mutations du territoire, Synthèse de géographie historique, Sainte Foy, Les Presses de l’Université de Laval.
Historiographie de la constitution du Québec de ses origines à nos jours, discours sur les
différents éléments signifiants de l’étendue québécoise et de sa formation.

Figure 2, «!Les frontières du Québec!».
Figure 3, «!Les grands contextes de civilisation au Québec!». p.236, «!le discours de la colonisation!».
Figure 52, «!La révolution des transports et ses liens avec l’urbanisation et l’industrialisation!».
p. 274, «!La colonisation dirigée». p.404, «!Une génération atypique!». p.445, Conclusion

DEFFONTAINES, Pierre (1957), L’homme et l’hiver au Canada, Paris, Gallimard.

DEROUIN, René(sous la direction de) et LAPOINTE, Gilles (collaboration) (2001), Pour une culture du territoire, Montréal, Éditions de l’Hexagone.
Textes recueillis dans le cadre d’un symposium organisé par la fondation Derouin, à Val-David, regroupant artistes, penseurs et professionnels autour de la notion de territoire, définissant tour à tour des approches de lecture de l’identité québécoise.

Dans DEROUIN, René (2001), «!entretien avec Pierre Leblanc!». BÉRUBÉ, Jocelyn, dans DEROUIN, René (2001),!«!la peau de l’ours!».
BROSSARD, Nicole, dans DEROUIN, René (2001), «!un visage au Nord de tous les espoirs!». COURVILLE, Serge, dans DEROUIN, René (2001), «!le territoire Québécois!».
DANSEREAU, Pierre, dans DEROUIN, René (2001), «!lecture de paysage!: hypothèses de travail et intériorité artistique!».
DEROUIN, René (2001), «!le territoire continental!». DEROUIN, René (2001), «!le sentier de la migration!».
DÉSY, Jean, dans DEROUIN, René (2001), «!un poil de Tuktu entre deux pierres!». LAPOINTE, Gilles, dans DEROUIN, René (2001), «! le souffle des mots!». MONTPETIT, Canada, dans DEROUIN, René (2001), «!les espaces de l’art, quelques logiques à l’origine des lieux d’exposition!».
MONPETIT, Canada dans DEROUIN, René (2001), «!des territoires de choix!».
MORISSET, Jean, dans DEROUIN, René (2001), «!à la recherche des mythologies en fuite!».
TONNANCOUR (de), Jacques, dans DEROUIN, René (2001), «!la mythologie est une création de l’esprit!».
ZURITA, Arturo, dans DEROUIN, René (2001), «!la nordicité vue du Sud!».

DUMONT, Fernand (1968), Le lieu de l’homme, Montréal, Éditions HMH.
Essai sociologique où la culture est abordée comme l’aménagement, le lieu symbolique toujours à redéfinir, du rapport de l’homme à son histoire.

DUMONT, Fernand (1974), Idéologies au Canada français. 1900-1929, Québec, PUL, (Collection
«!Histoire et sociologie de la culture!», 5).

DUMONT, Fernand (1993), Genèse de la société québécoise!, Montréal, Éditions du Boréal. DUMONT, Fernand (1995), L’avenir de la mémoire, Québec, Nuit Blanche.
DUPONT, Jean-Claude (sous la direction de) (1978), Mélanges en l’honneur de Luc
Lacoursière, Ottawa, Éditions Léméac.

LOW, Margaret dans Dupont, Jean-Claude (1978), «!Luc Lacoursière et le conte populaire»
Du BERGER, Jean dans DUPONT, Jean-Claude (1978), «!Luc Lacoursière!: quête du sens!»
Dans ce texte, l’auteur entraîne le lecteur au cœur de la quête poursuivie par l’un des plus grands folkloristes de la tradition québécoise. Faisant état des questionnements, des créations et des innovations de ce professeur-chercheur qui est surtout un penseur monumental du folklore national depuis le milieu du siècle dernier. Nourri par maintes citations, ce témoignage offre un regard exhaustif sur des décennies de recherches pour l’implantation d’une «!science de la grande fraternité humaine!». (Du Berger, Jean, p.171)
CARPENTIER, Paul dans DUPONT, Jean-Claude (1978), «!Coup d’œil sur les écoles de
pensées en folklore québécois!»
Étude de la naissance au Canada du folklore comme discipline, et des nombreux chercheurs qui y ont œuvré. En outre, l’auteur recense les écoles de pensée folkloriste au siècle dernier en expliquant leurs approches méthodologiques et idéologiques. Il est également question de l’apport notoire de Marius Barbeau à la science folklorique québécoise et du dualisme entre folklore et nationalisme.

FRANCOEUR, Louis (1992), «!La série culturelle!: structure, valeurs et fonction!», dans Pierre
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FREITAG, Michel (1986), Dialectique et société 2. Culture, pouvoir et société!: les modes de reproduction formels de la société, Montréal, Éditions Saint-Martin.

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GROULX, Lionel (1924), La naissance d’une race, Montréal, Bibliothèque de l’Action Française. GROULX, Lionel (1943), Chez nos ancêtres, Montréal, Granger Frères.
GUILBERT, Lucille (1986), «!Passage du conte écrit dans les manuels scolaires!: un exemple
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GUILBERT, Lucille (1989a), Contes et apprentissages sociaux, Québec, Université Laval, Actes du CELAT, 5.

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du Québec à Montréal.
Mémoire de maîtrise abordant le concept de culture par le biais d’une étude socio-historique du folklore québécois. Dans un premier temps, Huard propose une objectivation catégorique de la culture en la présentant comme objet de justification, outil de marketing, produit de consommation, ou porte-étendard du loisir de la société contemporaine. Dans un second temps, il aborde le terme «!culture!» comme ce qui symboliquement lui permet de dégager les critères de l’identité culturelle, en l’occurrence les fêtes et festivals dits «!culturels!» et axés sur l’aspect symbolique de la communauté.

LAMONTAGNE, Sophie-Laurence (1983), L’hiver dans la culture québécoise (XVIIe – XIXe siècles), Québec, Institut Québécois de Recherche sur la Culture.

LEFEBVRE, Jean-Paul (1988), Les temps changent. Une génération se raconte. Montréal, Éditions Fides.

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MEUNIER, Jean-Guy dans LEROUX, Georges (1973), «! L’illusion d’une critique de la culture.!»
Texte critique sur la notion originelle de culture et son lien actuel avec la sphère des
médiations homme-nature, son mode d’intégration de la conscience au monde. Meunier avance la question fondamentale du sens inhérent à la culture, en en traçant l’espace idéologique et philosophique; il pose la culture comme étant devenue le symbole et le dépôt de l’Humanité.
LACHARITÉ, Normand dans LEROUX, Georges (1973), «! Le privilège de l’événement dans
les média d’information!».

LÉTOURNEAU, Jocelyn ( 2000), Passer à l’avenir, Histoire, mémoire, identité dans le Québec d’aujourd’hui, Montréal, Éditions le Boréal.

MORIN, Michel, BERTRAND, Claude (1979), Le territoire imaginaire de la culture, Montréal, Éditions Hurtubise HMH, collection «!Brèches!».

MORISSONNEAU, Christian (1978a), Le langage géographique de Cartier et de Champlain!: Choronymie, vocabulaire, et perception, Québec, Presses de l’Université de Laval.

MORISSONNEAU, Christian (1978b), La terre promise!: le mythe du nord Québécois, Montréal, Hurtubise HMH.
Point de vue du géographe sur la question du Nord québécois, et la mythologie associée à la colonisation au-delà du bassin du Saint-Laurent.

RIOUX, Marcel et Yves MARTIN (1971), La société canadienne-française, Montréal, Hurtubise
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ROBITAILLE, Renée (2001) , Le renouveau du conte au Québec, Mémoire de maîtrise de communication, Montréal, Université du Québec à Montréal.
Mémoire de maîtrise portant sur le renouveau de la tradition du conte au Québec. Robitaille
dresse la liste des protagonistes ayant déployé les efforts nécessaire pour actualiser le conte et le garder vivant au sein des jeunes générations. Entrevues et enregistrement d’un conte en direct sont joints à cette étude.

ROCHER, Guy (1973), «!Les conditions d’une francophonie nord-américaine originale!», dans
Guy ROCHER, Le Québec en mutation, Montréal, Hurtubise HMH, p.89-108.

SÉGUIN, Normand (1989), «!L’identité menacée!: réflexion sur un mythe fondateur québécois!», dans Populations et cultures. Études réunies en l’honneur de François Lebrun, Rennes, Université de Haute Bretagne, Rennes 2 et Institut culturel de Bretagne, p.389-396.

SÉNÉCAL, Gilles (1992), «!les idéologies territoriales au Canada français, entre le continentalisme et l’idée du Québec!», Revue d’études canadiennes, no 32.

VINCENT, Odette (dir.) (1995), Histoire de l’Abitibi-Témiscamingue, Québec, Institut
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WARWICK, Jack (1972), L’appel du nord dans la littérature canadienne-française, Montréal
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